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Kenya: la politique de délocalisation aggrave la pénurie d’enseignant(e)s

Publié 20 août 2018 Mis à jour 18 septembre 2018

Le Kenya National Union of Teachers a appelé le gouvernement à mettre un terme à sa politique de délocalisation, qui a contraint des centaines d’enseignant(e)s à abandonner la profession, afin de combler la pénurie nationale d’enseignant(e)s, ainsi qu’à supprimer le système actuel d’évaluation des enseignant(e)s.

A l’occasion de la 10e Conférence africaine des chefs d’établissement, organisée du 6 au 10 août à Mombasa, au Kenya, sous le thème « Eduquer les enfants africains: revaloriser la profession enseignante », le Kenya National Union of Teachers(KNUT) a fortement déploré que plus d’une centaine d’enseignant(e)s aient quitté la profession à la suite de la politique mise en œuvre l’an dernier par le gouvernement leur interdisant de travailler dans leurs comtés d’origine.

Le Secrétaire général du KNUT, Wilson Sossion, a indiqué que la politique dite de délocalisation « détruit de nombreuses familles d’éducateurs et d’éducatrices employé(e)s par la Teachers Service Commission(TSC). Un grand nombre d’enseignant(e)s qui ont été transféré(e)s ont choisi de démissionner ou de chercher à travailler pour les collectivités locales ».

« Nombreux sont ceux qui ont choisi une retraite anticipée, tandis que d’autres sont passés au service des collectivités locales et d’autres encore réfléchissent toujours à ce qu’ils vont faire. N’imposez pas de politiques, c’est dangereux et pire que du poison », a-t-il condamné.

Grève

« Nous allons faire grève le 1er septembre pour nous opposer à, ou faire changer, toute politique élaborée sans nous avoir consultés et dont nous estimons qu’elle pourrait porter atteinte à notre profession », a averti Sossion.

Il a instamment prié le Secrétaire d’Etat à l’Education du Kenya, Amina Mohamed, qui devait officiellement clôturer la conférence continentale, de convoquer une réunion de crise avec le syndicat d’enseignants afin d’éviter la grève prévue, qui pourrait paralyser les activités scolaires du troisième trimestre, alors que des milliers d’étudiant(e)s sont censés présenter leurs examens en vue de l’obtention du Kenya Certificate of Primary Education(KCPE-certificat d’études primaires) et du Kenya Certificate of Secondary Education(KCSE-certification d’études secondaires).

Le dirigeant du KNUT a insisté sur la nécessité pour le gouvernement de mener des consultations approfondies avec les syndicats de l’éducation et les organisations professionnelles avant la mise en œuvre de toute politique susceptible d’affecter le secteur de l’éducation.

« Nous remettons en question certaines politiques pour lesquelles nous n’avons pas été dûment consultés. Nous voulons que l’on promeuve les enseignants. C’est un droit, ce n’est ni négociable ni réductible », a-t-il indiqué.

Sossion a poursuivi en invitant le Président Uhuru Kenyatta à recruter 104.000 enseignant(e)s afin de faire face à la pénurie de personnel professionnel dans les écoles primaires et secondaires.

Evaluation des enseignant(e)s

Le KNUT souhaite également que la TSC abandonne le système de perfectionnement et d’évaluation des performances des enseignant(e)s (TPAD).

« Les enseignants sont contre le TPAD. Question cruciale sur le plan international, ce système ne peut pas fonctionner et n’est pas un bon système d’évaluation des enseignants. L’Europe l’a abandonné, alors qui sommes-nous pour l’adopter en Afrique? Il interfère avec l’enseignement et incite à la déprofessionnalisation de l’enseignement », a souligné Sossion.

Ce dernier a donc lancé un appel aux employeurs de l’éducation pour convenir avec les enseignant(e)s d’une méthode d’évaluation acceptable.

Et de conclure: « Un système d’évaluation fermé est bon, mais le système d’évaluation ouvert est trop laborieux, trop vaste et les outils utilisés heurtent les enseignants. Cette fois, nous menons une guerre politique contre le gouvernement, parce que nous voulons protéger et préserver la liberté de cette profession. »