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Gabon : les enseignant·e·s syndicalistes demandent le respect du dialogue social et des engagements gouvernementaux

Publié 8 décembre 2021 Mis à jour 10 décembre 2021

Depuis le 15 octobre, les enseignant·e·s membres du Syndicat de l’Éducation nationale (SENA) sont engagé·e·s dans des actions de grève afin de faire aboutir leurs revendications et de faire respecter les engagements pris par le Gouvernement.

« En décidant de boycotter la rentrée effective des classes du 27 septembre 2021, le SENA, notre organisation syndicale, qui avait fait le choix du dialogue social aux fins de rechercher les solutions réalistes et adaptées aux nombreux problèmes qui minent le fonctionnement de notre système éducatif et qui l’impactent négativement, constate malheureusement, pour le regretter, que le Gouvernement n’a pas honoré ses engagements », a expliqué le secrétaire général du SENA, Fridolin Mve Messa, dans le préavis de grève en date du 1er octobre adressé au Ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche scientifique, du Transfert de technologies, de l’Éducation nationale chargée de la formation civique du Gabon, Patrick Daouda Mouguiama.

Des avancées négociées avec le syndicat non appliquées

Le syndicat déplore, entre autres :

  • Le non-aboutissement du dossier des régularisations des situations administratives du personnel du secteur de l’éducation ;
  • La non-organisation des concours internes de l’École normale des instituteurs (ENI) et de l’École normale supérieure (ENS) pourtant annoncés pour le 30 septembre 2021 ;
  • Le non-lancement de la formation des inspecteurs du second degré ;
  • La non-révision de la loi portant l’âge de la retraite des inspecteurs pédagogiques à 65 ans.

Violation des droits des agents publics en matière de formation et de suivi de carrière

Face à la « mauvaise foi » de la part du Gouvernement, d’une part, et la colère manifestée par les enseignants et les autres personnels pour le non-aboutissement de ces revendications négociées, d’autre part, le Bureau exécutif national du SENA, en accord avec les bureaux provinciaux, a estimé que le Gouvernement viole les droits des agents publics en matière de formation et de suivi de carrière garantis par le statut général de la fonction publique.

Devant cette situation et le silence des autorités compétentes, le SENA a décidé du dépôt d’un préavis de grève le 1er octobre conformément aux dispositions législatives relatives aux conditions de constitution et au fonctionnement des organisations syndicales des agents de l’État.

La grève a été confirmée par l’Assemblée générale du SENA réunie le 15 octobre, le dirigeant du SENA rappelant que son syndicat reste ouvert au dialogue.

Déclaration de la Coalition SENA/ CONASYSED

Le SENA a été rejoint par la Convention nationale des syndicats du secteur éducation (CONASYSED) au sein d’une coalition faisant valoir les droits et intérêts des enseignant·e·s.

Cette coalition a notamment critiqué le fait que le ministre de l’Éducation nationale qui se fait désormais passer pour une victime de la grève, le ministère affirmant que la grève qui s’est étendue sur l’ensemble du pays a « une orientation politique évidente ».

La coalition SENA-CONASYSED a rappelé « au ministre que cette allégation sans fondement est un aveu d’incapacité du Gouvernement à trouver des solutions aux revendications légitimes posées par notre regroupement. Il est temps pour le Gouvernement de changer de paradigme. »

Elle a aussi précisé que la commission du dialogue social, dont l’arrêté de mise en place avait été signé le 16 mars 2020, n’a commencé son travail qu’au mois d’octobre 2021, bien après le lancement de la grève, et ce sur demande des partenaires sociaux.

Elle a de même regretté l’absence de volonté de véritables négociations de la part du Gouvernement pour empêcher la crise qui se profilait pourtant à l’horizon, ni avec la CONASYSED, qui avait suspendu sa grève le 13 mars 2021, ni pour le SENA, qui avait déposé son préavis de grève le 1er octobre 2021.

Seul le Gouvernement est responsable de la grève actuelle

Ainsi, tant pour le SENA que pour la CONASYSED, « il apparait clairement que seul le Gouvernement est responsable de la grève actuelle ».

Tout en reconnaissant que le Ministre de l’Education peut se féliciter de promouvoir un dialogue permanent avec les partenaires sociaux sans exclusive, la coalition a souligné qu’« il ne doit cependant pas perdre de vue que le dialogue social ne saurait se circonscrire à des échanges d’informations, encore moins à des joutes oratoires ».

Concernant les situations administratives, pour la coalition, « il ressort clairement que le Gouvernement fait dans la mauvaise foi en affirmant qu’il ne reste que quelques cas résiduels dans les dossiers de recrutement et de reclassement pris en exemple ». En effet, affirmant que la proportion d’enseignants en attente de régularisation nécessite la mise en place d’un guichet spécial aux fins d’accélérer le processus, le SENA et la CONASYSED demandent la mise à disposition des listings des dossiers traités et ceux en instance.

S’adressant au ministre, la coalition a aussi insisté sur le fait que les enseignant·e·s, désabusé·e·s, attendent des réponses concrètes. Elle a averti que le « projet de radier les enseignants relève de la pure démagogie, car il risque de heurter lourdement les dispositions légales qui encadre la gestion de l’agent public. Dans cette veine, il n’est pas inutile de rappeler que la grève n’est ni une faute professionnelle, ni un délit encore moins un crime. »

Enfin, la Coalition SENA/CONASYSED a tenu à féliciter tou·te·s les enseignant·e·s pour le succès du mouvement de grève et les a exhorté·e·s « à rester mobilisés jusqu’à la victoire finale ». Elle tiendra sa prochaine assemblée générale pour décider des suites à donner à la grève le 11 décembre 2021.