Historique : Les dirigeant∙e∙s des syndicats de l’éducation font entendre leur voix auprès de l’Union africaine
Les dirigeant∙e∙s des organisations membres de la région Afrique de l’Internationale de l’Éducation (IEA) ont échangé leurs expériences et stratégies au cours d’un événement de la campagne La force du public : ensemble on fait école ! et ont ensuite participé activement à la Conférence panafricaine sur la formation des enseignant·e·s (PACTED 2025). Lors de ces événements de haut niveau, qui se sont tenus à Addis Abeba, en Éthiopie, ils ont réaffirmé leur engagement envers la campagne « La force du public » de l’IE et ont appelé les gouvernements africains à augmenter le financement de l’enseignement public, du personnel enseignant et des personnels de soutien à l’éducation.
L’Afrique exige une action immédiate et décisive afin de financer pleinement l’éducation publique et d’investir dans le personnel enseignant
À l’ouverture de la PACTED 2025, qui s’est déroulée du 1er au 3 octobre 2025, le Président de l’IE, Mugwena Maluleke, a présenté la vision de la profession : « Nous nous engageons farouchement et résolument en faveur du droit de chaque enfant à apprendre. Nous nous engageons à faire rendre des comptes aux gouvernements. Nous nous engageons à défendre notre profession, sa qualité, sa dignité, son âme. Les recommandations des Nations Unies sur la profession enseignante sont notre boussole. Elles sont limpides : les enseignants et enseignantes doivent définir les programmes, la pédagogie et la politique. Les enseignants et enseignantes doivent façonner l’avenir. Une transformation requiert plus qu’une consultation. Elle nécessite une création conjointe. Les enseignants et enseignantes sont des partenaires égaux. »
M. Maluleke a également relevé qu’avec 118 millions d’enfants non scolarisés et la pénurie aiguë d’enseignant·e·s qui touche l’éducation dans tout le continent, la région a besoin d’une action immédiate et décisive pour financer pleinement l’enseignement public et investir dans le personnel enseignant.
« Nous sommes réunis pour honorer ceux qui forgent des destins. Les élèves rendent des hommages, les communautés se rassemblent pour exprimer leur gratitude et les enseignants et enseignantes inspirent chaque génération à rêver plus grand que les obstacles qu’elle rencontre. Pourtant, à elle seule, la célébration ne suffit pas », a souligné M. Maluleke lors de la cérémonie officielle de la Journée mondiale des enseignant·e·s.
Il a poursuivi en appelant les dirigeant·e·s du monde à agir : « Les gouvernements doivent investir, les syndicats doivent être entendus et le dialogue social doit prospérer. Nous réclamons des salaires équitables, des contrats stables, une formation initiale solide, un développement professionnel continu et des conditions de travail sûres. Nous réclamons que les enseignants et enseignantes façonnent l’avenir qu’ils et elles sont chargés de construire. »
https://bsky.app/profile/eduinternational.bsky.social/post/3m2h645er3s2j

Vers un Sommet africain sur la profession enseignante
Le secrétaire général de l’IE, David Edwards, a également proposé la création d’un Sommet africain sur la profession enseignante, qui rassemblerait les syndicats de l’éducation et les ministres de l’Éducation de tout le continent pour échanger des informations et élaborer ensemble des politiques.
« Le mécanisme du dialogue social doit être institutionnalisé dans toute l’Afrique afin de traduire la sagesse et les connaissances de la profession enseignante et de ses syndicats dans la politique et la pratique », a-t-il souligné, affirmant que « nous serions honorés de nous associer à l’Union africaine pour organiser une version spécifiquement africaine du Sommet international sur la profession enseignante ».
Il a été catégorique : « Dans le monde, la communauté mondiale de l’éducation en est venue à reconnaître qu’après avoir essayé toutes les lubies, toutes les prétendues réformes et toutes les solutions technologiques, la seule chose qu’il lui restait à tenter était de donner les outils, le temps et la confiance à la profession enseignante, qui est le cœur battant de l’éducation. Non seulement le dialogue social fonctionne, mais il est fondamental pour mettre en place un système éducatif durable, efficace, inclusif et tourné vers l’avenir. »
Il a également déclaré : « Je suis fier qu’autant de dirigeants et dirigeantes de la région Afrique de l’Internationale de l’Éducation soient réunis ici pour apprendre de vous et les uns des autres. Cela nous rappelle qu’il est impératif que nous investissions dans les enseignants et enseignantes de cette région ».
« La présence de l’Internationale de l’Éducation s'est fait sentir tout au long de la PACTED. La délégation de l'IE, composée de plus de 50 dirigeants et dirigeantes de syndicats et d’enseignants et enseignantes de tout le continent, s'est exprimée d'une seule voix pour appuyer sa demande à l'Union africaine et aux gouvernements africains d'investir dans l'éducation et les enseignants et enseignantes. »
Dr Dennis Sinyolo, Directeur de l'IEA
Le Dr Sinyolo a salué le fait que « notre appel à mettre fin à la pénurie d'enseignants et enseignantes, à élever le statut de la profession enseignante et à maintenir un dialogue continu entre les gouvernements et les syndicats de l’éducation a été accueilli favorablement par les personnes participant à la conférence et inclus dans le communiqué de la PACTED ».
Les syndicats font pression sur les gouvernements africains pour faire du droit à une éducation de qualité une réalité
La veille de la PACTED 2025, l’IEA a organisé un événement régional d’apprentissage et d’élaboration de stratégies sur le thème « Faire pression sur les gouvernements africains pour faire du droit à une éducation de qualité une réalité ».
Mariama Chipkaou, présidente de la région Afrique de l’Internationale de l’Éducation, a expliqué : « Chaque élève, où qu’il vive, devrait avoir un enseignant qualifié chaque jour et pour chaque cours. Or, un sous-financement grave a eu pour effet que le personnel enseignant est surchargé, sous-payé et sous-évalué. De ce fait, nous constatons un exode de notre profession. Les taux de démissions sont en hausse et les taux d’attrition parmi nos enseignants et enseignantes atteignent des niveaux sans précédent. Nous observons également une forte chute du nombre de personnes souhaitant entrer dans la profession. »

Les dirigeant∙e∙s des syndicats de l’éducation de toute l’Afrique ont clôturé leur réunion en adoptant, le 30 septembre 2025, une Déclaration sur la nécessité urgente d’investir dans l’éducation et dans la profession enseignante.
Rappelant, notamment, que l’« éducation est un droit humain fondamental et un bien public et que les gouvernements ont pour mission d’assurer que tous les enfants, tous les jeunes et tous les adultes jouissent de ce droit » et que « l’IE et ses organisations membres soutiennent pleinement la mise en œuvre complète de la Stratégie continentale de l’Union africaine pour l’éducation en Afrique (CESA) pour la période 2026-2035, adoptée en février 2025, et mèneront des actions de plaidoyer à ce propos, en insistant tout particulièrement sur les enseignants et enseignantes, tous les niveaux d’enseignement, l’égalité entre les femmes et les hommes, l’équité et l’inclusion », la déclaration :
- Réaffirme également la détermination et l’engagement des syndicats de l’éducation à faire pression sur les gouvernements africains afin qu’ils assurent un enseignement public de qualité pour tous et toutes en augmentant le financement de l’éducation au niveau national, notamment au moyen d’une taxation équitable et progressive ;
- Appelle les institutions financières internationales, en particulier le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale, à cesser d’imposer des mesures d’austérité et des conditions de prêt dommageables aux gouvernements africains ;
- Exhorte les Nations Unies, les institutions financières internationales et régionales et les partenaires du développement à annuler la dette des pays africains ;
- Exhorte les gouvernements africains à respecter ou à dépasser les critères de financement de l’éducation fixés à l’échelle internationale à au moins 6 % du PIB et/ou à au moins 20 % du budget national pour investir dans les enseignant·e·s et les personnels de soutien à l’éducation, les infrastructures scolaires, ainsi que réglementer et réduire les activités des prestataires privés commerciaux de services éducatifs ;
- Exhorte les gouvernements à mettre en place des mécanismes fonctionnels pour assurer la pleine mise en œuvre des Recommandations du Groupe de haut niveau des Nations Unies sur la profession enseignante ; et
- Appelle les gouvernements à faire en sorte que la Stratégie continentale de l’Union africaine pour l’éducation en Afrique (CESA) pour la période 2026 -2035 soit pleinement mise en œuvre.
À la fin de la semaine, l’IE a participé à la célébration officielle de la Journée mondiale des enseignant·e·s.
« Sous la bannière de l’Union africaine qui a lancé la Décennie de l’éducation, nous nous engageons en faveur d’un avenir où l’éducation n’est pas un privilège mais un droit, où tous les enfants apprennent dans la dignité, sous la direction d’enseignants et enseignantes autonomes, respectés et bien soutenus », a déclaré le président de l’IE.
Il a également souligné que « nous devons redonner vie au Consensus de Santiago. Lorsque nous reconnaissons que le lien enseignant-élève est un héritage commun, nous refusons de laisser des algorithmes remplacer l’empathie, les évaluations éclipser la dignité ou les coupes budgétaires éteindre nos voix. Nous proclamons que l’éducation est un droit humain ancré dans la compassion et la compétence. »
Et de conclure : « Sans les enseignants et enseignantes, point d’avenir. Un système d’’enseignement public doté de ressources financières est notre principal investissement dans la démocratie, la paix et une prospérité partagée. Élevons-nous. Enseignons. Transformons. »