Ei-iE

Taïwan : « Les enseignant·e·s sont presque devenus des travailleur·euse·s forcé·e·s dans des ateliers clandestins appelés écoles »

Publié 21 octobre 2025 Mis à jour 22 octobre 2025

La National Teachers Association (NTA) exhorte le gouvernement taïwanais à écouter les enseignant·e·s, à améliorer leurs conditions de travail, à se conformer aux recommandations des Nations Unies sur la profession enseignante et à mettre en place un enseignement de qualité.

Revendications issues d’une enquête syndicale

Une série d’actions syndicales a débuté par une manifestation devant le ministère de l’Éducation, suivie de deux conférences de presse le 28 septembre lors de la Journée des enseignant·e·s à Taïwan, et le 5 octobre lors de la Journée mondiale des enseignant·e·s.

Lors de la dernière conférence de presse, le syndicat a rappelé que « seule l’amélioration des conditions de travail permettra d’attirer des personnes talentueuses dans l’enseignement ». Il a également révélé les dix revendications urgentes issues des résultats d’une enquête syndicale à laquelle ont participé plus de 11.000 enseignant·e·s. La NTA a demandé aux autorités éducatives de traiter ces questions sans délai.

D’après les résultats de l’enquête, 97 % des personnes interrogées ont demandé l’arrêt immédiat du système actuel de gestion des incidents scolaires, jugé injuste, qui encourage le dépôt abusif de plaintes contre les enseignant·e·s. Les plaintes des parents, sans mesure ni jugement préalable, ont conduit à des situations où les enseignant·e·s se sont sentis traité·e·s comme des suspects dans une enquête criminelle, ce qui a nui aux relations entre les enseignant·e·s, les parents et les élèves, ont fait remarquer les syndicalistes enseignant∙e∙s.

Selon eux, quatre autres politiques éducatives entrent également dans la catégorie « À arrêter immédiatement » : obliger les enseignant·e·s à faire office d’agents de circulation aux abords des écoles ; leur imposer des heures supplémentaires en raison de la pénurie d’enseignant·e·s ; et les demandes déraisonnables des responsables politiques à l’école, telles que la politique bilingue peu pratique qui va à l’encontre du droit des élèves à un apprentissage efficace dans leur langue maternelle.

Les personnes interrogées ont également mis en avant les « principales mesures à prendre immédiatement » : 89,2 % ont souligné que le ministère de l’Éducation devrait soutenir les enseignant·e·s et défendre la profession enseignante ; plus de 86 % des enseignants et enseignantes, confrontés à une pénurie, ont demandé une réduction de la charge administrative et une augmentation des salaires ; et près de 80 % ont déclaré que la réduction de la taille des classes et l’augmentation du personnel de sécurité dans les écoles étaient leurs principales préoccupations. Cette enquête tire la sonnette d’alarme car, selon le syndicat, « les enseignants et enseignantes sont presque devenus des travailleurs forcés dans des ateliers clandestins appelés écoles ».

Le président de la NTA, Hou Chung-Liang, a également réitéré la revendication du syndicat visant à ce qu’un système de révision des salaires implique des représentant∙e∙s des syndicats de l’éducation afin de le rendre transparent et responsable. Il a ajouté que les systèmes de rémunération et de retraite insatisfaisants ont rendu l’enseignement peu attrayant pour les jeunes talents, même pour ceux qui ont suivi une formation éducative.

Plus que jamais, les enseignant·e·s ont besoin de soutien et de respect

Afin de garantir la santé et le bien-être des enseignant·e·s, la NTA a également demandé trois à cinq jours de congé payé pour raisons de santé mentale. En outre, la suppression du système injuste de gestion des incidents scolaires permettrait de rétablir la confiance et le respect envers les enseignant·e·s.

En outre, les autorités éducatives devraient écouter les enseignant·e·s et suivre les recommandations des Nations Unies, a insisté le syndicat.

Le responsable de la NTA a poursuivi en déclarant que le ministère de l’Éducation devrait soutenir les éducateur·trice·s, respecter la profession enseignante et valoriser le travail des enseignant·e·s.

Il a conclu en réaffirmant qu’une éducation de qualité est le fondement de la société et qu’il ne peut y avoir d’éducation de qualité sans enseignant·e·s de qualité. « Le monde est confronté à une crise de pénurie d’enseignants et enseignantes et à un financement insoutenable de l’éducation. Taïwan ne fait pas exception. Il est évident que le gouvernement devrait écouter la profession enseignante et améliorer ses conditions de travail conformément aux recommandations des Nations Unies. »

L’Internationale de l’Éducation se joint à ses collègues de la NTA et du monde entier pour exprimer fermement leurs revendications en faveur de conditions de travail équitables pour les travailleurs de l’éducation et d’une éducation de qualité pour tou·te·s. Ces revendications font écho aux objectifs de la campagne « La force du public : ensemble on fait école ! » de l’Internationale de l’Éducation, qui appelle de toute urgence les gouvernements à investir dans l’enseignement public, un droit humain fondamental et un bien public, et à investir davantage dans la profession enseignante, le facteur le plus important pour parvenir à une éducation de qualité.