Les syndicats d’Asie du Nord se mobilisent pour renforcer la solidarité et la coopération avec la campagne « La force du public »
Les responsables des organisations membres de l’Internationale de l’Éducation (IE) de toute l’Asie du Nord se sont engagés à « organiser, organiser, organiser, jour et nuit » et ont plaidé pour « renforcer la solidarité dans toute l’Asie du Nord et jeter les bases d’une coopération permanente ».
Les responsables des syndicats d’enseignant·e·s du Japon, de Mongolie, de Corée du Sud et de Taïwan se sont réunis les 23 et 24 octobre à Séoul dans le cadre de la campagne de l’IE La force du public: ensemble on fait école !.
Problèmes communs
Décrivant leurs propres défis majeurs, les responsables des syndicats de l’éducation ont été surpris de découvrir les problèmes communs que rencontrent les enseignant·e·s dans chacun des quatre pays représentés. Il ne fait plus aucun doute dans leur esprit que la réduction des budgets consacrés à l’éducation et, partant, le sous-investissement dans le personnel enseignant et dans l’enseignement public sont la principale cause à l’origine des pénuries d’enseignant·e·s et de l’épuisement professionnel.
Au sommet de la liste des priorités des syndicats figuraient le relèvement des salaires non compétitifs, la réduction de la taille des classes et d’une charge de travail sans cesse plus lourde, résultant en particulier d’une charge administrative hors de contrôle, et la nécessité de s’attaquer de manière systématique à la détérioration de la santé mentale et du bien-être du personnel enseignant. Un problème commun et extrêmement préoccupant pour les enseignant·e·s de Taïwan et de Corée du Sud est, par exemple, la hausse significative du nombre de plaintes malveillantes déposées contre des enseignant·e·s.
Mise en œuvre des recommandations des Nations Unies à Taïwan
La National Teachers Association (NTA) de Taïwan a déclaré : « Nos thèmes prioritaires de campagne visant à réduire la charge de travail excessive et à améliorer le bien-être enseignant sont présentés dans les Recommandations des Nations Unies, qui appellent les gouvernements à soutenir le personnel enseignant en finançant pleinement l’éducation, à respecter la profession enseignante en protégeant les enseignants et enseignantes contre les plaintes malveillantes, à améliorer les conditions de travail en faisant participer les enseignants et enseignantes à la prise de décisions et aux négociations, et à valoriser leur statut. Toutes ces mesures sont nécessaires pour parvenir à un enseignement public de qualité pour tous les enfants, tous niveaux d’enseignement confondus. » Les préoccupations de la NTA concernant la santé mentale et le bien-être des enseignant·e·s, qui sont mis à mal par les plaintes malveillantes déposées contre les enseignant·e·s et par une charge de travail excessive due à une charge administrative sans cesse plus lourde, sont partagées par les collègues de toute l’Asie du Nord.
La NTA a insisté sur le fait que « nous allons nous servir de toutes les opportunités qu’offre la campagne pour nous soutenir les uns les autres afin de mettre en œuvre les Recommandations des Nations Unies pour renforcer nos campagnes dans la sous-région ».
Rétablir le respect à l’égard des enseignant·e·s et refonder l’enseignement public en Corée
Le Korean Teachers and Education Workers Union (KTU) a expliqué qu’il est déterminé à poursuivre son engagement dans la campagne La force du public : ensemble on fait école !, qui insiste sur l’urgence d’investir durablement dans un enseignement public de qualité. Les priorités du KTU visent à protéger les enseignant·e·s contre les plaintes malveillantes en procédant à une réforme législative, à garantir la participation des enseignant·e·s à l’élaboration des politiques et leurs droits politiques, ainsi qu’à promouvoir la démocratie grâce à un véritable dialogue social.
« Nous réclamons des lois qui garantissent des tailles de classe raisonnables et des effectifs suffisants, renforcent le bien-être enseignant et fassent avancer une éducation axée sur l’humain, suscitant la curiosité, la créativité et l’apprentissage tout au long de la vie des apprenants, pas uniquement en recourant à la technologie, mais en se fondant sur des relations humaines réelles. ‘Honorez les enseignants et enseignantes, ramenez-les vers les élèves’, tel est notre engagement collectif pour rétablir le respect envers la profession ensiegnante et refonder un enseignement public pour tous et toutes », a expliqué le président du KTU, Younghwan Park.
Augmenter le salaire des enseignant·e·s en Mongolie
La Federation of Mongolian Teachers and Science Unions (FMESU), qui en était déjà au neuvième jour d’une grève nationale exhortant le gouvernement de Mongolie à relever le salaire de base des enseignant·e·s à 3,5 millions de tugriks (environ 840 euros), a indiqué que plus de 558 établissements d’enseignement et près de 30.000 membres des personnels de l’éducation ont rejoint le mouvement de grève jusqu’ici.
Le gouvernement a proposé d’augmenter progressivement le salaire des enseignant·e·s entre 2026 et 2028, pour atteindre les 3,5 millions de tugriks réclamés en 2028. La proposition a été rejetée par la FMESU, car elle ne répondait pas aux revendications des syndicats. « Le salaire des enseignants et enseignantes ne représentant que 40 % de celui d’un conducteur de bus, des mesures urgentes sont nécessaires pour relever le salaire du personnel enseignant si nous souhaitons attirer et retenir les enseignants et enseignantes dont nous avons besoin », a indiqué le représentant de la FMESU.
Faire campagne pour investir davantage dans l’éducation au Japon
La campagne La force du public : ensemble on fait école ! a été adoptée avec enthousiasme par le Japan Teachers Union (JTU). Avec un budget de l’éducation en baisse depuis plus de 10 ans, les Recommandations des Nations Unies et le Consensus de Santiago ont permis au JTU de se concentrer plus efficacement sur la poursuite de son objectif, à savoir obtenir davantage d’investissements dans l’éducation. À cet effet, la recommandation des Nations Unies appelant les gouvernements à investir 6 % de leur PIB et 20 % de leur budget national dans l’éducation offre un message clair et aisément compréhensible. Elle a aidé à rendre le JTU plus visible au sein du personnel enseignant et le syndicat a connu une hausse des nouvelles adhésions en 2025.
Tous les syndicats de l’éducation participant à cet événement de la campagne La force du public sont repartis en réitérant leur engagement d’obtenir davantage d’investissements dans un enseignement public inclusif de qualité et dans les éducateur·trice·s en Asie du Nord.