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Photo credits: udn.com
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Taiwan : une hausse nationale des salaires et des indemnités professionnelles adéquates pour recruter et retenir le personnel enseignant

Publié 12 novembre 2025 Mis à jour 25 novembre 2025

Alors que les pénuries d’enseignant·e·s continuent d’inquiéter les parents et la population à Taiwan, la National Teachers’ Association (Association nationale des enseignant·e·s, NTA) appelle à un véritable changement. Elle estime que les efforts acharnés de la profession enseignante et les nombreuses responsabilités qu’elle assume doivent être reconnus à leur juste valeur par de meilleurs salaires et conditions de travail. Ce n’est qu’ainsi que Taiwan pourra assurer une éducation de la plus haute qualité pour chaque élève.

Ce constat explique pourquoi la profession enseignante est l’une des moins attirantes pour de nombreux·euses jeunes professionnel·le·s, y compris parmi celles et ceux ayant suivi une formation d’enseignant·e et reçu leur certificat d’enseignement, a affirmé la NTA lors d’une conférence de presse. À cette occasion, le directeur régional de l’Internationale de l’Éducation en Asie-Pacifique (IEAP), Anand Singh, et le directeur de la campagne « La force du public : ensemble on fait école ! », Angelo Gavrielatos, ont chacun adressé un message de soutien fort.

M. Singh a renouvelé l’appui de l’IEAP et a invité l’État taiwanais à agir en faveur de salaires justes pour les enseignant·e·s, d’indemnités professionnelles, ainsi que du droit du syndicat à représenter le corps enseignant au sein du comité gouvernemental chargé d’examiner les salaires. « Ensemble, nous nous battons pour améliorer les conditions de travail des enseignants et enseignantes afin d’attirer de nouveaux talents dans la profession et de garantir une éducation de qualité à toutes et tous », a-t-il déclaré.

Pour résoudre la pénurie d’enseignant·e·s et fournir une éducation de qualité, il est primordial de respecter le droit du personnel enseignant à la négociation collective, conformément aux recommandations des Nations Unies sur la profession enseignante.

Présentant ces recommandations, M. Gavrielatos les a décrites comme « le schéma directeur mondial des politiques concernant le personnel enseignant, établi à destination de l’ensemble des gouvernements, y compris de Taiwan, afin de mettre en œuvre les changements dont la profession a besoin pour attirer et retenir les enseignants et enseignantes dont nous avons besoin ». Il a également rappelé que 3,3 millions d’enseignant·e·s supplémentaires sont nécessaires d’ici la fin de cette décennie en Asie de l’Est. En outre, il a souligné que les recommandations prévoient des solutions simples et concrètes : offrir aux enseignant·e·s des salaires comparables à ceux d’autres professions, à niveau d’éducation égal, et respecter leurs conditions de travail, protégeant ainsi leur santé mentale et leur bien-être. Enfin, M. Gavrielatos a exhorté les pouvoirs publics taiwanais à garantir la représentation de la NTA dans le dialogue social et les négociations avec l’État concernant les politiques relatives au personnel enseignant.

TALIS 2024 : des résultats qui vont dans le sens des revendications syndicales

Par ailleurs, Martin Henry, de l’Internationale de l’Éducation, a profité de l’événement pour présenter les résultats de l’Enquête internationale sur les enseignants, l’enseignement et l’apprentissage (TALIS) 2024 publiée par l’Organisation de coopération et de développement économiques. Selon lui, le statut d’enseignant·e est menacé et les revendications salariales devraient être traitées dans le cadre d’un forum législatif permettant à la NTA de négocier avec l’État dans de bonnes conditions. M. Henry a également appelé le gouvernement taiwanais à accorder au corps enseignant le respect qu’il mérite et à inclure la NTA dans le comité gouvernemental chargé d’examiner les salaires afin de veiller à ce que les enseignant·e·s bénéficient de salaires corrects et de bonnes conditions de travail. C’est ce qui fera la différence pour les élèves et le système éducatif, a-t-il assuré.

Le président de la NTA, Hou Chung-Liang, s’est dit satisfait des messages de solidarité adressés par l’IE et l’IEAP à un moment crucial. Il a conclu son intervention en réitérant les demandes du syndicat visant à être représenté auprès du comité gouvernemental chargé d’examiner les salaires afin de veiller que l’enseignement soit une profession attirante avec des salaires attrayants et des indemnités professionnelles suffisantes qui reconnaissent la contribution quotidienne des enseignant·e·s du public comme du privé, y compris leur rôle en matière d’administration, de mentorat, d’éducation spécialisée, d’amélioration scolaire et de conseil.

Discussions autour d’un projet de loi sur le personnel enseignant

Des parlementaires de tous bords ont participé à la conférence de presse afin de manifester leur soutien envers le corps enseignant et son syndicat et d’inciter l’État taiwanais à prendre des mesures immédiates pour mettre un terme aux pénuries d’enseignant·e·s, notamment offrir des rémunérations décentes et des indemnités associées et entendre la voix du syndicat de l’éducation dans les négociations salariales.

Une proposition de modification de la loi en vue d’améliorer les conditions de travail et les salaires des enseignant·e·s a été ajoutée à l’agenda parlementaire. Cette conférence de presse vient renforcer la pression en faveur de négociations transpartisanes ouvertes avant une discussion générale sur le projet de loi et son adoption.

La NTA est très impliquée dans la campagne de l’IE « La force du public : ensemble on fait école ! » dans la région. La direction du syndicat taiwanais a récemment rencontré d’autres dirigeant·e·s d’organisations membres de l’IE venues d’Asie du Nord – à savoir du Japon, de la Mongolie et de la Corée du Sud – à l’occasion d’un événement « La force du public ». Discutant de leurs principales difficultés respectives, les syndicalistes en sont ressorti·e·s convaincu·e·s que la baisse des budgets alloués à l’éducation, et le sous-investissement dans les enseignant·e·s et l’enseignement public qui en découle, sont à l’origine des pénuries d’enseignant·e·s et de l’épuisement professionnel de ces dernier·ère·s.