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Sommet international sur la profession enseignante de 2020 : les enseignant·e·s reconnu·e·s comme les héros de la crise de la COVID-19 dans l’éducation

Publié 4 juin 2020 Mis à jour 9 juin 2021

La 10e édition du Sommet international sur la profession enseignante (ISTP) a eu lieu le 2 juin 2020, sous forme de webinaire. Organisé conjointement par l’Internationale de l’Éducation et l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), l’ISTP a réuni les ministres de l’Éducation et les syndicats de l’éducation pour une discussion sur l’impact de la COVID-19 dans l’éducation et sur la manière de garantir que les systèmes éducatifs sortent plus forts de cette crise.

Tou·te·s les intervenant·e·s ont reconnu le rôle essentiel des enseignant·e·s dans cette crise pour surmonter les difficultés et assurer la continuité de l’enseignement pour les élèves. Le leadership, la résilience, l’adaptabilité, la créativité et le dévouement des enseignant·e·s envers leurs élèves ont été salués par tous les ministres qui se sont exprimés lors du Sommet.

Lors de l’ouverture de l’ISTP, l’Internationale de l’Éducation et l’OCDE ont partagé leurs points de vue sur l’impact de la pandémie sur l’éducation et sur la voie à suivre.

Andreas Schleicher a présenté les conclusions du nouveau rapport de l’OCDE « Schooling Disrupted, Schooling Rethought» (en anglais) qui examine comment la pandémie de COVID-19 change l’éducation. Le rapport est basé sur une enquête menée entre le 25 avril et le 7 mai 2020 qui a reçu des réponses de fonctionnaires, d’administrateur·trice·s de l’éducation, d’enseignant·e·s et d’administrateur·trice·s scolaires dans 59 pays.

La présidente de l’Internationale de l’Éducation, Susan Hopgood, a mis en avant le document d’information politique de l’Internationale de l’Éducation pour le Sommet(en anglais), qui comprend des Directives pour la réouverture des écoles et des établissements scolaires. Hopgood a souligné le rôle essentiel d’un partenariat efficace entre les gouvernements et les enseignant·e·s avant, pendant et après la crise pour renforcer la résilience du système et soutenir les étudiant·e·s. Elle a également noté que la crise a mis en évidence, et non pas sapé, l’importance des communautés scolaires pour l’apprentissage des élèves et a révélé les limites de la technologie dans l’éducation. Soulignant l’impact disproportionné de la crise sur les élèves vulnérables, Hopgood a proposé que les gouvernements et la profession enseignante travaillent ensemble pour mener un audit d’équité dans les écoles afin d’identifier les élèves les plus touchés, d’évaluer leurs besoins et de leur apporter un soutien approprié. La Présidente de l’Internationale de l’Éducation a conclu son intervention en appelant les gouvernements à protéger et à améliorer le financement de l’éducation à la suite de la pandémie sur la base de l’équité et en répondant aux besoins des élèves.

Les discussions du sommet ont été structurées autour de quatre thèmes, laissant le temps aux gouvernements et aux syndicats d’exprimer leurs positions dans le cadre d’un dialogue constructif.

Thème 1 : Dialogue social et politique entre les gouvernements et les syndicats de l’éducation

Suite aux fermetures d’écoles dans le monde et ensuite, au cours de la période de transition vers l’éducation en présentiel, un partenariat solide entre les gouvernements et les syndicats de l’éducation s’est avéré essentiel.

Dans de nombreux pays, la crise a intensifié la consultation et la collaboration entre les gouvernements et les syndicats de l’éducation au profit des étudiant·e·s. Le modèle de partenariat s’est avéré très efficace et a grandement contribué à renforcer la confiance du public dans les solutions proposées pour le retour à l’éducation en présentiel.

En outre, les syndicats de l’éducation sont devenus une source d’information et de soutien essentielle pour les enseignant·e·s et les personnels de soutien de l’éducation en temps de crise, contribuant à assurer la continuité de l’éducation pour les étudiant·e·s.

Thème 2 : Les innovations pendant la crise et leur importance pour l’avenir

Si les gouvernements et les syndicats s’accordent à dire que la crise a fait progresser l’utilisation des technologies de l’éducation, la fracture numérique est une source de préoccupation majeure. En outre, peu d’enseignant·e·s avaient une expérience de l’enseignement en ligne d’urgence avant la crise, ce qui souligne le besoin urgent de former les enseignant·e·s à l’utilisation des technologies pour l’éducation.

Les syndicats ont exprimé leur inquiétude quant au fait que, lors de la crise économique suivant la pandémie, les gouvernements pourraient se tourner vers la technologie et la commercialisation pour réduire les coûts de l’éducation. Les syndicats et les gouvernements ont reconnu l’enseignement et l’apprentissage comme des processus sociaux et ont convenu que si la technologie peut apporter un soutien, elle ne peut jamais remplacer le travail des enseignant·e·s. Comme l’a dit un ministre, « la technologie et l’infrastructure sont importantes, mais la chose la plus importante pour une éducation de qualité est la qualité des enseignants et enseignantes ».

Si des modèles mixtes seront mis en œuvre à l’avenir, le rôle des enseignant·e·s restera central dans l’éducation, mais les syndicats ont souligné que les questions de charge de travail liées à l’apprentissage mixte devaient être abordées.

Les participant∙e∙s ont également souligné qu’en tirant les leçons de cette crise, il est essentiel de mener des recherches approfondies pour pouvoir identifier ce qui a fonctionné et élaborer des solutions fondées sur des preuves pour l’avenir.

Thème 3 : Professionnalisme des enseignant·e·s, développement professionnel et collaboration

Les ministres ont salué le leadership des enseignant·e·s pendant la crise, la façon dont il·elle·s se sont rassemblé·e·s en tant que communauté pour partager des idées, des connaissances et des expériences afin de soutenir leurs élèves. Un ministre a qualifié la mobilisation des enseignant·e·s de « précieux point positif de la crise ».

Alors que les enseignant·e·s se sont engagé·e·s dans un remarquable processus d’amélioration de leurs compétences afin de pouvoir entrer en contact avec leurs élèves pendant la fermeture des écoles, il·elle·s ont besoin de plus de soutien sous la forme d’une formation structurée et d’un développement professionnel à l’avenir.

Thème 4 : Inégalités généralisées et construction d’un avenir plus inclusif de l’éducation

Les nombreux problèmes d’équité que la crise a mis en évidence sont devenus la principale préoccupation des syndicats et des ministres. L’impact de la crise a été inégal, affectant surtout les étudiant·e·s vulnérables. Selon les termes d’un ministre, « les écoles sont vitales pour les enfants des foyers défavorisés ». Elles offrent un environnement sûr, un repas, une socialisation et des apprentissages.

De nombreux étudiant·e·s vulnérables n’ont pas pu accéder à l’enseignement à distance. En outre, certain·e·s auront subi des traumatismes pendant la période de confinement. Par conséquent, comme l’a fait remarquer un syndicat, la priorité lors de la rentrée scolaire ne devrait pas être de rattraper le retard scolaire, mais d’aider les étudiant·e·s à se rétablir et à se reconnecter. Le bien-être des étudiant·e·s et des enseignant·e·s est apparu comme un problème majeur, tout comme les désavantages pour les étudiant·e·s.

Les syndicats ont appelé les gouvernements à fournir les investissements nécessaires pour garantir que les systèmes éducatifs soient inclusifs et équitables. Selon un dirigeant syndical, « les étudiants et étudiantes comptent sur les gouvernements et les syndicats pour travailler ensemble à leur service ».

Dans ses remarques finales, le secrétaire général de l’Internationale de l’Éducation, David Edwards, a souligné que la qualité et l’équité que nous voulons pour les systèmes éducatifs ne peuvent être garanties qu’en fournissant aux enseignant∙e∙s les bons outils, le temps nécessaire pour se former et collaborer, et la confiance mutuelle entre les systèmes et les personnes.

Cliquez ici pour lire le blog corédigé par David Edwards et Andreas Schleicher pour cette 10e édition de l’ISTP.