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La coopération au développement soutient les actions des syndicats arabes de l’éducation en faveur de la démocratie, de l’égalité hommes-femmes et d’une éducation de qualité

Publié 17 février 2023 Mis à jour 20 mars 2024

De nombreux partenaires de la coopération au développement ont participé au Café de l’Internationale de l’Éducation (IE) consacré à la Structure interrégionale des pays arabes (SIRPA). Ils ont été informés des difficultés récentes et des progrès réalisés par les syndicats de l’éducation dans la région.

La coordinatrice de l’IE, Dalila El Barhmi, a pris la parole pour présenter les activités entreprises et prévues par les organisations membres dans les pays arabes, lesquelles sont alignées sur les orientations stratégiques de l’IE :

  • Droits et démocratie.
  • Renouvellement syndical.
  • Statut de la profession enseignante.
  • Promouvoir et protéger une éducation équitable, inclusive, gratuite de qualité pour tou·te·s.
  • Partenariats.
  • Communication interne et externe.

6e Conférence biennale de la SIRPA de l’IE

Faisant rapport sur la 6e Conférence biennale de la SIRPA de l’IE, qui s’est tenue à Amman, en Jordanie, les 14 et 15 décembre, El Barhmi a indiqué que la conférence avait été précédée par divers événements, notamment le Caucus sur l’égalité, une session sur l’éducation dans les situations d’urgence dans la région arabe et le Caucus sur l’enseignement supérieur.

La conférence a adopté une résolution cadre sur « Transformer les syndicats pour transformer l’éducation ».

Ce document décrit les situations qui ont porté atteinte aux systèmes éducatifs, à la profession enseignante et aux syndicats de l’éducation, notamment la pandémie de COVID-19, la crise économique et sociale, les programmes d’austérité accompagnés de coupes budgétaires et l’absence de système d’imposition équitable.

Il met en évidence la charge supplémentaire que fait peser sur les systèmes éducatifs l’arrivée d’enfants réfugiés et migrants. Le document aborde également la question des atteintes à la démocratie et aux droits humains dans la région, notamment aux droits du travail.

La résolution poursuit en :

  • Exhortant les gouvernements à défendre les droits humains et à respecter les normes internationales du travail ;
  • Reconnaissant la valeur de l’éducation pour un développement durable et la création de sociétés décentes, prospères et justes,
  • Invitant les syndicats de l’éducation et les gouvernements à participer et à contribuer aux efforts des Nations Unies visant à transformer l’éducation ;
  • Appelant les gouvernements à financer pleinement un enseignement public de qualité, à améliorer le statut des enseignant·e·s et à faire en sorte de mettre en place une formation et un perfectionnement professionnels de qualité pour le personnel enseignant ; et
  • Appelant les gouvernements à s’assurer que les enseignant·e·s et la communauté éducative participent à l’élaboration des politiques.

Accent sur l’égalité hommes-femmes

Au sujet du Caucus sur l’égalité hommes-femmes qui s’est tenu lors de la 6e Conférence biennale de la SIRPA de l’IE, El Barhmi a déclaré que les participant·e·s au caucus ont étudié les résultats d’une enquête pour se faire une idée du niveau de participation des femmes à la direction des organisations membres de l’Internationale de l’Éducation.

Les questions suivantes ont notamment été abordées :

  • En tant que syndicats de l’éducation, où en sommes-nous en matière de travail sur l’égalité hommes-femmes dans la région de la SIRPA ?
  • Quels sont les principaux défis en matière d’égalité hommes-femmes et d’éducation aux niveaux national et subrégional ?
  • Quelles sont les priorités et les recommandations des syndicats de l’éducation en matière d’égalité hommes-femmes et d’équité ?

Le caucus a également insisté sur la nécessité de progresser en matière de promotion de la participation et du leadership des femmes dans les syndicats de l’éducation, d’autonomisation économique des femmes, de ratification par les pays arabes de la Convention n° 190 de l’Organisation internationale du Travail et d’accès des filles à un enseignement public de qualité.

El Barhmi a déclaré que « l’établissement de relations avec la direction des syndicats – qui est toujours extrêmement dominée par les hommes – est essentiel à la coopération au développement dans ce domaine. Ce n’est qu’ainsi que nous ouvrirons la porte aux femmes en tant que partenaires de la coopération au développement. En l’absence de dialogue et de confiance, ce travail se heurtera à de la résistance et sera considéré dans le cadre du financement et de questions concernant uniquement les femmes. »

La coordinatrice de l’IE a poursuivi en se félicitant de l’élection de Manal Hdaife, de la Public Primary Schools Teachers League du Liban, qui devient ainsi la première présidente de la SIRPA de l’IE.

Coopération régionale au développement

El Barhmi a indiqué que des projets de coopération au développement relatifs au dialogue social et politique dans le secteur de l’éducation sont mis en œuvre au Maroc et en Tunisie et devraient être étendus.

Des activités de coopération au développement sont également organisées en Palestine, où un petit syndicat du secteur de l’éducation de la petite enfance est en cours de création et doit recruter davantage de membres. « Ils ont besoin de soutien pour bâtir leur syndicat et mettre en place les bonnes structures. Le projet a été approuvé et doit maintenant démarrer, en dépit des difficultés rencontrées avec la COVID et le changement de direction. Nous planifions actuellement les prochains ateliers », a précisé El Barhmi.

Elle a ajouté que le General Union of Palestinian Teachers participe à des activités de coopération au développement visant à transformer le syndicat par l’égalité hommes-femmes et le recours aux TI et au perfectionnement professionnel. La première phase du projet est terminée et le programme a été adopté par le ministère de l’Éducation.

« Le Caucus sur l’enseignement supérieur qui s’est tenu à l’occasion de la conférence de la SIRPA nous a convaincus que nous avions besoin de plus de syndicats dans le secteur de l’enseignement supérieur dans le cadre du renouvellement syndical et qu’ils sont prêts à s’engager dans des activités de coopération au développement. Un grand syndicat algérien, comptant de nombreux jeunes, a rejoint l’Internationale de l’Éducation lors de la dernière réunion du Bureau exécutif et un syndicat égyptien de l’enseignement supérieur est en bonne position pour être accepté comme affilié de l’Internationale de l’Éducation lors de la prochaine réunion du Bureau exécutif. »

L’éducation dans les situations d’urgence

El Barhmi a signalé que, tout particulièrement en Irak, au Liban et au Yémen, les enseignant·e·s font de leur mieux pour dispenser un enseignement dans des situations de crise, ce qui est apparu clairement lors de la session consacrée à l’éducation dans les situations d’urgence dans la région arabe, organisée dans le cadre de la Conférence de la SIPA.

Au cours d’une mission au Liban, a rappelé Mme El Barhmi, l’IE a fait part de sa solidarité avec le personnel enseignant et les élèves qui affrontent des conditions extrêmes privant les enfants de leur droit à l’éducation et affectant les enseignant·e·s et leurs syndicats.

Au Liban, le personnel enseignant travaille avec des réfugié·e·s et il a besoin de travailler davantage avec des agences des Nations Unies comme l’UNICEF et d’établir des alliances aux niveaux national et régional, a indiqué El Barhmi, tout en reconnaissant qu’au Yémen, les enseignant·e·s n’ont pas touché de salaires depuis trois ans, « mais ils sont toujours extrêmement déterminés, parce qu’ils ne veulent pas que le pays perde ses générations futures ».

Statut de la profession enseignante

El Barhmi a également fait rapport sur les progrès engrangés en matière de statut de la profession enseignante, comme au Maroc, où le dialogue social a abouti à la signature d’un accord entre le gouvernement marocain et les syndicats de l’éducation portant notamment sur le statut unifié d’emploi des salariés de l’éducation nationale. Ce nouveau statut remplacera tous les accords antérieurs, ce qui signifie un nouveau départ sur de nouvelles bases pour tous et toutes, y compris les enseignant·e·s contractuel·le·s.

Rejoindre la campagne « Ensemble on fait école ! »

Pendant la conférence, plusieurs syndicats ont déjà manifesté leur intérêt à participer à la nouvelle campagne de l’Internationale de l’Éducation La force du public : Ensemble on fait école !. C’est notamment le cas des syndicats libanais, qui se concentrent sur la privatisation de l’éducation, le renversement du récit et les politiques des institutions financières internationales.

La campagne est un appel urgent lancé aux gouvernements afin qu’ils investissent dans l’enseignement public, un droit humain fondamental et un bien public, et davantage dans les enseignant·e·s, le facteur le plus important pour parvenir à une éducation de qualité.