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Madagascar : un tableau sombre de la situation politique et éducative

Publié 16 octobre 2025 Mis à jour 16 octobre 2025

Sur fond de manifestations importantes de la population dans de nombreuses grandes villes du pays, et surtout dans la capitale Antananarivo fortement touchée par des coupures d’eau et d’électricité, et de changement de présidence, la situation évolue rapidement à Madagascar. La Fédération Chrétienne des Enseignants et Employés de l’Education de Madagascar (FEKRIMPAMA) avait appelé à une grève générale et rappelé les revendications syndicales pour assurer une éducation de qualité.

Appel à la grève générale

« Nous allons fermer le bureau du Ministère et inviter le personnel à rejoindre notre grève au parvis d'Analakely, à la Place du 13 mai », a indiqué le 13 octobre le secrétaire général de la Fédération Chrétienne des Enseignants et Employés de l’Education de Madagascar (FEKRIMPAMA), Constant Andrianatrehy Marolaza.

Il a rapporté aussi que les autres ministères avaient également appelé à la grève générale.

Par ailleurs, le bureau permanent du Sénat a destitué son président. « Ce dernier, un général retraité de la gendarmerie, est une source de répression car il a toujours occupé des postes de commandement au sein de la gendarmerie, même s'il est à la retraite », a noté M. Andrianatrehy Marolaza.

Le dirigeant syndical a dressé un état de la situation : « Les habitants et habitantes de la capitale Antananarivo en ont assez des promesses non tenues du Président, car l'État n'a pas réussi à résoudre les problèmes de délestage et de coupures d'eau. Malgré les appels répétés du président Andry Rajoelina à la population pour trouver des solutions, la situation demeure inchangée. »

Aussi, depuis le 25 septembre 2025, les conseiller∙e∙s municipaux∙ales de la Commune Urbaine d'Antananarivo ont incité les citoyen∙ne∙s à manifester pour revendiquer leurs droits fondamentaux, tels que l'accès à l'eau et à l'électricité. Cependant, l'État, par le biais de préfet d’Antananarivo, n'a pas donné son autorisation à cette initiative, malgré une demande en bonne et due forme adressée à la Préfecture.

Des mobilisations populaires et étudiantes durement réprimées par les forces de l’ordre

La population s'est mobilisée dans les rues, exprimant sa tristesse et sa colère envers l'incapacité du gouvernement. La jeunesse, regroupée sous le nom de « génération Z », a également pris une part active, se rassemblant au sein des six universités de Madagascar, ajoute M. Andrianatrehy Marolaza.

Le cri collectif « Nous sommes fatigués de la corruption, nous sommes fatigué∙es des tromperies et des promesses vides du président » est devenu de plus en plus fort, culminant avec des appels à la démission de ce dernier.

Cette agitation a entraîné des dégradations de biens, des blessé∙e∙s et même des pertes humaines. Pendant ce temps, M. Rajoelina se trouvait aux États-Unis, pour un sommet des Nations Unies, où il a répandu des informations erronées sur l'approvisionnement en électricité et en eau ne reflétant pas la réalité malgache, a insisté M. Andrianatrehy Marolaza. Alors que le président était à l'étranger, une grève a éclaté, et pour mettre fin aux manifestations, il a limogé le ministre de l'Énergie. Malgré ces mesures, le mécontentement populaire a persisté, et la colère s'est intensifiée en raison des interventions forces de l’ordre, surtout la gendarmerie, pour réprimer les manifestations. Pour tenter d'éteindre cette crise politique qui dure, notamment dans la rue où ses forces de sécurité ont dispersé encore plus d'un millier de manifestant∙e∙s, le président Rajoelina a finalement nommé le 6 octobre un nouveau Premier ministre : il s’agit d'un général de l'armée de terre, Ruphin Fortunat Dimbisoa Zafisambo.

Revendications syndicales sur l’enseignement

Concernant l'éducation, la mauvaise gestion est également mise en cause par les syndicats, notamment la FEKRIMPAMA. Le secrétaire général de cette dernière a livré quelques exemples significatifs des revendications exprimées :

  • Augmentation des indemnités de craie pour la profession enseignante et indemnité de fonction pour le personnel administratif.
  • Revalorisation de l'indemnité de logement, déjà votée au sein du Parlement mais pas encore reflétée dans les fiches de paie.
  • Recrutement d’enseignant∙e∙s, surtout ceux et celles sortant des centres de formation.
  • Demande de démission du ministre de l’Éducation et de son équipe, jugés responsables d’atteintes aux droits des travailleur∙euse∙s.
  • Dépolitisation de l’enseignement et de l’administration.

Une partie des militaires se sont mutinés en appui aux jeunes qui réclament de meilleures conditions de vie depuis le 25 septembre, et le président a quitté le pays. Le colonel Michael Randrianirina a déclaré qu'il assurera la fonction de président pendant deux ans au maximum avant d'organiser des élections, tandis que l'Union africaine a suspendu Madagascar.

L’Internationale de l’Éducation apporte son soutien plein et entier aux collègues et à la population malgaches. Elle demande au président malgache de répondre aux besoins urgents et de première nécessité, et d’assurer un financement plein de l’enseignement public et de bonnes conditions de travail et de vie.