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Résolution sur la féminisation de la profession enseignante

Publié 28 juillet 1998 Mis à jour 31 mars 2017

Le deuxième congrès mondial de l’Internationale de l’Education réuni à Washington D.C. (Etats-Unis) du 25 au 29 juillet 1998 :

1. Etant donné que l’IE reconnaît l’importance vitale de tous les niveaux de l’éducation qui va de l’enseignement pré-primaire, primaire, secondaire, technique et supérieur au développement physique, social et intellectuel de l’enfant et de l’adolescent;

2. Reconnaît le travail remarquable fait par les femmes dans les professions à vocation sociale dans les secteurs de l’éducation et de la santé;

3. Note que le travail fait par les femmes dans tous les domaines y compris celui de l’éducation a toujours été sous-évalué;

4. Confirme que la femme a toujours été traditionnellement présente en majorité dès le début de la mise en place des systèmes éducatifs et que les recherches et les données statistiques continuent à démontrer ce fait dans un grand nombre de régions du monde sans se soucier du revenu national ou du revenu des enseignants;

5. Note que les données relatives à l’enseignement primaire confirment les tendances mondiales à la féminisation constante de ce large secteur de la profession enseignante, quelles que soient les régions et les niveaux de revenus;

6. Note que le nombre de femmes enseignant dans les écoles techniques et professionnelles est lui aussi en augmentation, d’après les données fournies par l’OIT et l’UNESCO;

7. Inquiet toutefois du fait que l’enseignement technique et professionnel a tendance à se compartimenter très fort et qu’un pourcentage considérable de femmes est cloisonné dans des disciplines de l’enseignement dites “ féminines ”; 8. Constate par ailleurs que malgré l’augmentation constante du nombre de membres de personnel universitaire féminin dans les établissements d’enseignement supérieur, leur répartition dans la hiérarchie professionnelle reste très mal équilibrée et que les postes les mieux rémunérés, les plus stables et les plus prestigieux de professeurs et de maîtres de conférences – qui représentent en outre un tremplin vers des fonctions de direction – restent majoritairement l’apanage des hommes;

9. Note également que les femmes dans l’éducation supérieure sont concentrées avec un salaire bas, dans un travail peu sûr d’assistante (souvent à temps partiel) et de maître assistante; 10. Note que par opposition aux progrès enregistrés au niveau des établissements d’enseignement, le nombre de femmes occupant des postes plus élevés au sein des administrations régionales et centrales de l’enseignement primaire et secondaire (responsables ministériels, responsables en chef de l’éducation, inspecteurs et autres fonctions) reste très bas;

11. Note que les recherches ont démontré que les structures de promotion interne désavantagent directement ou indirectement les femmes en raison d'un préjugé subtil mais non moins influent selon lequel des femmes éventuellement appelées à occuper des postes de direction risquent de ne pas disposer d’une autorité suffisante, d’être confrontées à des problèmes de discipline de la part d’étudiants ou d’enseignants ou même d’être soumises à des pressions de la part des parents ou du public ; préjugé qui nuit à l’évaluation de candidates à ces postes;

12. Prenant en compte tous les arguments ci-dessus mentionnant que beaucoup d’enfants grandissent dans une famille sans modèle de rôle du père, qu’en classe ils voient rarement un homme et femme, enseignants, travaillant en équipe mais aussi qu'ils ne voient pas l'égalité entre les hommes et les femmes sur les positions administratives, il est nécessaire d’analyser les conséquences sur le l'apprentissage des garçons et filles, particulièrement sur leur socialisation, tels que les stéréotypes sociaux, les préjudices sexistes des genres et le choix de carrière;

13. S'inquiète de ce que les employeurs ne traitent pas ces questions de manière adéquate et que peu de recherches ont été entreprises sur ces sujets;

14. Le Congrès appelle l’IE et ses organisations membres à:

Entreprendre des stratégies afin d’éliminer toute forme de discrimination contre les femmes dans l’éducation:

a. en considérant l’impact sur les enseignantes de tous les aspects de l’éducation et des politiques syndicales;

b. en éradiquant l’iniquité là où la parité des salaires et des conditions de travail est refusée aux femmes, ou aux hommes et aux femmes, comme celà peut être le cas dans les secteurs fortement féminisés comme l'enseignement primaire ou préprimaire;

c. promouvoir l’intégration des femmes dans les jurys chargés des recrutements et des promotions;

d. étudier l’impact sur les enseignantes des règles discriminatoires concernant les pensions de retraite; comme l’âge auquel les femmes peuvent faire valoir leur droit à la retraite pour percevoir l’intégralité des prestations prévues;

e. entreprendre des études avec L'OMS ou les autres agences intergouvernementales appropriées afin d’établir la corrélation entre les maladies liées au stress qui affectent les femmes enseignantes et l'augmentation des cas de cancer du sein;

Entreprendre ou promouvoir des recherches pour:

f. identifier les facteurs qui découragent les hommes d'entrer dans la profession enseignante et d'y rester, tels que les conditions de recrutement, la formation des enseignants, les conditions de travail ou le développement de carrière;

g. développer une politique qui encouragerait un meilleur équilibre entre les hommes et de femmes à tous les niveaux de l’éducation;

h. coopérer avec l’OIT sur les facteurs qui influencent le déclin de la condition des enseignants, tendance observée dans plus en plus de pays. Cette étude devrait prendre en considération la nature des liens, si il en existe, entre l’accroissement de la féminisation dans le secteur de l'éducation et le déclin du statut et du salaire;

i. développer des indicateurs dynamiques, par niveau d’éducation et par degré de responsabilité afin de mesurer le taux de croissance du nombre de femmes travaillant dans la profession et qui serviront de guide pour les politiques et actions futures;

j. travailler avec l’OIT et d’autres agences intergouvernementales appropriées afin d’établir les maladies liées au stress dont font état les hommes et les femmes du secteur de l’éducation pour promouvoir le développement des politiques liées aux conditions de travail;

h. analyser les implications éventuelles s'il y en a, de la féminisation croissante de la profession sur les étudiants; les avantages et les désavantages identifiés par cette recherche devraient constituer la base de discussions et d’actions pour le Comité de la Condition des Femmes et le Bureau Exécutif de l’IE.