Ei-iE

Coup de projecteur sur la recherche en matière d’éducation : la reprise post-COVID-19 et la condition des enseignant·e·s en 2021

Publié 8 juin 2021 Mis à jour 18 juin 2021

Les 8 et 9 juin, l’Internationale de l’Éducation a organisé la réunion annuelle de son Réseau de recherche, qui rassemble les chercheur·euse·s du monde entier dans le domaine de l’éducation. La première journée de la réunion a permis aux participant·e·s de partager les dernières informations sur les recherches les plus récentes dans ce secteur et a présenté un aperçu de deux rapports qui seront publiés prochainement :

le rapport de l’Internationale de l’Éducation sur la condition des enseignant·e·s, ainsi qu’un rapport sur les réponses de l’éducation face à la crise de la COVID-19 et aux perturbations dans la région Afrique.

La recherche, aspect capital de la reprise post-COVID-19 dans le secteur de l’éducation

La 16e réunion du Réseau de recherche de l’Internationale de l’Éducation arrive à un moment critique pour le secteur de l’éducation au plan mondial. Face à la pandémie de COVID-19 qui continue d’ébranler les systèmes éducatifs du monde entier, la recherche sur les impacts de la crise à tous les niveaux de l’éducation s’avère capitale pour éclairer le processus de reprise.

La réunion a présenté les dernières recherches de l’Internationale de l’Éducation. Au niveau mondial, les discussions ont abordé les sujets suivants: enseigner avec la technologie, pandémie de privatisation dans l’enseignement supérieur, l’éducation inclusive, audit de l’équité à la lumière de la pandémie de COVID-19, et les principes de l’Internationale de l’Éducation et de l’OCDE pour une reprise efficace et équitable de l’éducation.

Au niveau régional, des recherches ont été menées sur toute une série de sujets, de l’offre de services d’éducation aux réfugié·e·s lors de la pandémie aux aspects fiscaux et au financement de l’éducation, en passant par les droits des travailleur·euse·s et le renouvellement des syndicats.

La condition des enseignant·e·s et le statut de la profession enseignante en 2021

Les résultats préliminaires de l’édition 2021 du rapport phare de l’Internationale de l’Éducation sur la condition des enseignant·e·s ont été présentés pendant la réunion. Rédigé par Professeur Greg Thompson, le rapport triennal est basé sur une enquête menée auprès des organisations membres de l’Internationale de l’Éducation du monde entier.

Les résultats préliminaires révèlent que la condition des enseignant·e·s demeure inquiétante dans de nombreuses juridictions. Les enseignant·e·s sont conscients que la détention de qualifications ou d’un niveau de formation équivalents à d’autres professions ne confère pas toujours le même statut, alors que l’enseignement et la promotion de l’apprentissage sont complexes et nécessitent une expertise.

Un nombre considérable de syndicats signalent que la condition des enseignant·e·s se dégrade constamment au vu de l’interaction des facteurs suivants :

  • Les salaires sont trop bas, les conditions se détériorent, l’infrastructure pour favoriser l’enseignement et l’apprentissage ne figure pas parmi les priorités d’investissement du gouvernement.
  • On constate un manque de respect évident dans la manière dont les gouvernements et certains médias de masse représentent les enseignant·e·s et l’enseignement.
  • Le travail s’est intensifié et de nombreux syndicats font part de leurs inquiétudes quant au bien-être de leurs membres, en raison du stress lié à une profession plus complexe et à des attentes croissantes à leur égard.
  • Un grand nombre d’enseignant·e·s sont désormais confrontés à un avenir caractérisé par la précarité de l’emploi, étant donné que les postes permanents sont remplacés par des contrats occasionnels ou à court terme.
  • Un développement professionnel continu pertinent qui soit accessible et gratuit demeure une priorité pour de nombreux syndicats.

Le rapport souligne qu’un nombre croissant d’enseignant·e·s prévoit de quitter la profession. Dans le même temps, les syndicats sont réticents à l’idée d’attirer une nouvelle génération d’enseignant·e·s dans une profession qui est sous-payée et sous-valorisée.

Le rapport complet sur la condition des enseignant·e·s sera publié dans le courant de cette année.

Afrique : développement de politiques relatives au travail des enseignant·e·s, sans la contribution de ces dernier·ère·s

Professor Yusuf Sayed a présenté son rapport sur la réponse à la pandémie des systèmes éducatifs de huit pays africains : Cap Vert, Mali, Côte d’Ivoire, Burkina Faso, Ethiopie, Ouganda, Mozambique et Afrique du Sud. Principales conclusions :

  • Dans l’ensemble, les gouvernements n’ont pas consulté les éducateur·trice·s et leurs syndicats sur les mesures liées à la COVID-19 dans les écoles, faisant fi de l’expérience de terrain des expert·e·s qui aurait pu contribuer à surmonter un certain nombre de difficultés.
  • Les syndicats ont indiqué que le développement professionnel continu offert aux enseignant·e·s pendant la pandémie a été limité et très souvent décontextualisé.
  • Dans tous les pays étudiés, le soutien psychosocial à l’intention des éducateur·trice·s était inexistant, limité ou inefficace.

Le Prof. Sayed souligne qu'il s’avère impératif de consulter la profession enseignante pour forger la résilience du système face à la pandémie et aux crises futures, en engageant un dialogue social et politique constructif et en accordant une attention particulière aux besoins psychosociaux et de bien-être des enseignant·e·s.

La deuxième journée de la réunion du Réseau de recherche a porté sur l’éducation en cas d’urgence climatique et sanitaire, notamment l’enquête mondiale de l’UNESCO et de l’Internationale de l’Éducation menée auprès des enseignant·e·s sur l’éducation au développement durable.