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Australie: l’AEU et ses militant·e·s mobilisé·e·s pour faire des élections fédérales 2019 les « élections pour l’éducation »

Publié 1 mars 2019 Mis à jour 6 mars 2019

Réuni·e·s à l’occasion de leur Conférence fédérale, les dirigeant·e·s et militant·e·s de l’Australian Education Union ont salué l’engagement du Parti travailliste à accroître considérablement le financement de l’enseignement public et ont réaffirmé leur détermination à faire en sorte que les prochaines élections fédérales accordent une place centrale à l’éducation.

« Délégués, déléguées, soyez assurés que les élections 2019 seront les élections pour l’éducation », a souligné la Présidente fédérale de l’ Australian Education Union(AEU) Correna Haythorpe, à l’occasion de la Conférence fédérale de l’organisation, réunie du 22 au 24 février à Melbourne. « Au sein de notre puissant syndicat, l’ Australian Education Union, nous sommes unis et déterminés à atteindre nos objectifs pour l’enseignement public et nos élèves. Nous représentons une force collective puissante, œuvrant à l’édification d’une société équitable où règne la justice sociale. Cette conférence qui nous réunit aujourd’hui le prouve ».

« Notre choix est clair », a-t-elle ajouté. « Le gouvernement Morrison a réduit de 14 milliards de dollars australiens le budget de nos écoles publiques. Au gouvernement, le Parti travailliste restaurera ce financement. Le gouvernement Morrison a sabré notre système d’enseignement technique et post-secondaire public (TAFE). Au gouvernement, le Parti travailliste s’engage à consacrer au moins deux tiers du budget de l’éducation et de la formation au secteur TAFE. Le gouvernement Morrison ne garantira aucun financement de l’enseignement pré-primaire pour les enfants de quatre ans. Au gouvernement, le Parti travailliste s’engage à financer systématiquement l’enseignement pré-primaire pour les enfants de trois et quatre ans ».

Haythorpe a déclaré: « Nous accueillons chaleureusement l’annonce du Parti travailliste, qui envisage de réinjecter 14,1 milliards dans le financement des écoles publiques au cours des dix prochaines années ». Elle explique: « L’engagement du Parti travailliste à investir immédiatement 3,3 milliards dans les écoles publiques au cours des trois premières années de sa présence au sein du gouvernement est une initiative particulièrement bien accueillie, qui changera la donne pour les écoles en attente de cet investissement. Il nous faut ajouter à cela l’engagement des travaillistes à dégager 300 millions pour les élèves en situation de handicap, à réaliser des investissements dans les programmes de leadership scolaire, à réformer la formation initiale du personnel enseignant et à faire en sorte que nous retrouvions la place qui est la nôtre autour de la table des négociations politiques. »

Ces engagements en termes de financement des écoles publiques, des établissements préscolaires et de la formation professionnelle, qui ont été pris en prévision des élections fédérales, ont été confirmés par le dirigeant du Parti travailliste Bill Shorten lors de son allocution à la Conférence.

Haythorpe a également souligné: « Les 2,5 millions d’élèves qui fréquentent nos établissements publics ne peuvent plus attendre, leurs écoles ont besoin de cet investissement maintenant. La justice doit également prévaloir pour l’enseignement public. Nous réussirons notre campagne car nous nous battons pour nos enfants et notre avenir. C’est ce qui nous donne le courage de faire face à toutes les formes d’injustice et de revendiquer un avenir meilleur pour nos élèves. J’ai pris un engagement en votre présence et je le réaffirme aujourd’hui encore: jamais nous n’abandonnerons notre combat et jamais nous ne céderons. Nous remporterons cette victoire et jamais nous ne nous écarterons des objectifs que nous nous sommes fixé pour le financement de nos écoles. Les responsables politiques qui nous empêchent d’offrir un avenir meilleur à nos enfants auront à rendre des comptes aux élections fédérales. »

Rappelant que le nombre de membres de l’AEU ne cesse de croître, au même titre que le soutien de la communauté, elle a souligné avec insistance: « Nos communautés scolaires du secteur public forment le pilier central de la campagne Fair Funding Now!(Un financement équitable maintenant!). C’est avec les parents et les personnels de l’éducation de cette communauté que nous travaillerons lorsque nous parcourrons le pays à bord de notre camionnette arborant le slogan ‘Fair Funding Now!’, en vue de faire de ces élections fédérales les ‘élections pour l’éducation’. »

Elle a ensuite précisé: « Grâce à nos campagnes, le Parti travailliste et les Verts australiens ont annoncé au cours de ces derniers mois des initiatives particulièrement ambitieuses pour l’enseignement public, mais nous avons encore beaucoup de travail en perspective. Nombreux sont les défis qui nous attendent, mais nous les relèverons. Nous continuerons à lutter pour que l’enseignement public devienne une priorité, y compris pour les différentes formations politiques. »

Informations contextuelles

Haythorpe a rappelé que « l’enseignement public en Australie a dû faire face à des vents contraires particulièrement violents au cours de ces dernières années. Les budgets de nos écoles publiques ont été littéralement laminés. Notre système TAFE a été anéanti par les programmes de privatisation de nos gouvernements, tandis que notre réseau d’écoles pré-primaires n’a pas été financé par le Commonwealth depuis juin dernier. »

Rappelant par ailleurs que « les élèves aborigènes et indigènes du détroit de Torrès ont le droit fondamental de recevoir un enseignement public de haute qualité intégralement financé par les pouvoirs publics », elle a fermement condamné le fait que les coupes budgétaires à hauteur de 14 milliards dans le financement des écoles ont eu des conséquences désastreuses sur ces communautés à travers l’ensemble du territoire: « Il s’agit d’une condamnation sans appel de la part du gouvernement Morrison, qui a feint d’ignorer que cette absence d’équité en termes de financement aurait des répercussions sur les élèves des communautés aborigènes et indigènes du détroit de Torrès ».

Abordant la question du statut de la profession enseignante dans son pays, elle a affirmé sans détours: « L’enseignement est une profession souvent difficile, mais extrêmement gratifiante. Toutefois, notre métier est rendu plus difficile encore en raison des réformes à grande échelle introduites par les gouvernements, en l’absence de toute consultation ou collaboration avec la profession enseignante. » Elle a profondément déploré cette situation: « Il s’agit de notre profession. Il nous appartient de mener les discussions lorsqu’il est question de politiques éducatives. Ecarter le personnel enseignant du processus de consultation pour des raisons idéologiques ne peut avoir, en définitive, que des répercussions négatives sur nos élèves. »

Elle poursuit: « Nous devons revendiquer la place qui nous revient en ce qui concerne nos droits, les questions professionnelles et les relations entre les employeurs et le personnel. Nous devons revendiquer notre droit d’être au centre de l’élaboration de toutes les politiques et autres processus législatifs en lien direct avec l’éducation. Nous revendiquerons notre droit de travailler avec les gouvernements, les communautés et les partenaires sociaux, et nous ferons entendre notre voix pour protéger la profession enseignante contre ceux et celles qui cherchent à nous diviser. »

Haythorpe a également félicité la porte-parole de l’opposition en charge de l’éducation Tanya Plibersek, également présente à l’événement, pour avoir reconnu que « le facteur le plus important dans le parcours scolaire d’un enfant, ce sont les enseignants et enseignantes qui l’entourent » et pour avoir réussi à faire adopter la position de l’AEU relative à la formation initiale du personnel enseignant en tant que politique du Parti travailliste.

« Les dangers qui guettent le financement équitable de l’enseignement public ne connaissent pas de frontières », a-t-elle fait remarquer, rappelant que « le secteur de l’éducation au niveau mondial pèse quelque 5.000 milliards et que les entreprises commerciales actives dans le secteur de l’éducation déploient tous les moyens possibles et imaginables pour y puiser un maximum de profits ».

Rappelant également que les membres de l’AEU sont des « partenaires de l’Internationale de l’Education dans le cadre de sa campagne visant à mettre un terme à l’exploitation commerciale de l’éducation », elle a précisé: « Ces prestataires privés sont symptomatiques de la tendance plus large qui consiste à confier à des sociétés commerciales la conception des programmes scolaires et les plans de cours, ainsi que le développement professionnel du personnel enseignant. Nous devrons nous montrer attentifs et implacables dans notre lutte pour mettre fin à leur ingérence dans l’enseignement public en Australie. »

Elle a clôturé son intervention en soulignant: « Cette année réserve à tous les défenseurs de l’enseignement public en Australie à la fois des défis et des opportunités. D’un côté, nous avons le gouvernement Morrison qui affirme clairement que l’éducation n’est pas une priorité et, de l’autre, nous sommes dans une année électorale, une année de promesses politiques, d’espoir et d’optimisme quant à ce qui sortira des urnes. »

Haythorpe a expliqué aux délégué·e·s que ces élections fédérales offraient « une chance de corriger les erreurs du passé en ce qui concerne le financement ».